Pourquoi manger local ... c’est loin d’être l’idéal ?
C'était la conférence de Lucien Willemin
Jeudi 31 Janvier 2019
La conférence «Pourquoi manger local est loin d’être l’idéal» de Lucien Willemin a attiré plus de huitante personnes à Echallens et suscité des discussions animées.
Quel produit a-t-il le moins d’impact sur l’environnement? Le local cultivé de manière traditionnelle ou le bio venant de plus loin? La majorité des personnes qui assistait à la conférence de Lucien Willemin jeudi passé à Echallens a répondu «le premier» au début de la conférence. Mais exactement le contraire à la fin. Même s’il est transporté sur une certaine distance, le produit bio n’a en effet pas nécessité la fabrication de produits chimiques, ni leur transport, ni leur épandage, et n’entraîne pas non plus l’introduction de ces produits dans les sols et les eaux. «Et il ne faut pas croire que nous sommes meilleurs que les autres en Suisse, a souligné le conférencier. Même si nos agriculteurs ont déjà fait énormément d’efforts, une récente étude de l’Office fédéral de l’environnement a détecté la présence de 128 pesticides différents dans les eaux de nos ruisseaux.»
Initiateur de cette conférence et membre de la commission Echallens21, Jean-Claude Botteron tire un bilan très positif de la soirée. «J’ai d’abord été agréablement surpris par le nombre de participants (ndlr: 83 personnes), puis par les échanges qui ont suivi la conférence. Le but était de faire prendre conscience de la réalité des choses et j’espère qu’en la matière cette conférence aura été utile. J’ai en tous cas reçu plusieurs retours positifs après la séance.»
Une partie du public a toutefois quitté la salle sans demander son reste. Plusieurs agriculteurs non-bio étaient en effet aussi venus écouter le conférencier et ses propos ne leur ont évidemment pas fait plaisir. Le plus difficile pour eux a été d’être particulièrement montrés du doigt alors que tout le monde est coresponsable de la situation actuelle. «Et les CFF qui désherbent leurs voies au glyphosate? Et les privés qui arrosent leurs jardins de produits chimiques? Et les gens qui gaspillent un tiers de la nourriture qu’ils achètent? Et les vacances en avion?» ont ainsi été quelques-unes des questions posées pour montrer que le monde agricole n’est de loin pas responsable de tous les maux. Un de ses représentants a également rappelé que le développement durable repose sur trois piliers: l’écologie, le social et l’économie. «Si votre raisonnement tient pour l’aspect écologique, personnellement je continuerai à privilégier les produits locaux, car nos agriculteurs méritent d’être soutenus». Une affirmation qui n’a pas déstabilisé Lucien Willemin: «Vous avez raison, mais l’écologie doit être le numéro un. Car si tout meurt, il n’y aura plus ni de social, ni d’économie.»
Acheter bio ET local semble donc être la solution pour réconcilier tout le monde. «Mais les consommateurs n’ont pas encore tous pris conscience du pouvoir qu’ils ont entre les mains», conclut Jean-Claude Botteron.
MS (article paru dans l'Echo du Gros-de Vaud du 8 février 2019)
Liens
Un autre article de Sylvain Muller, paru dans le 24heures du 2 février 2019.